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. De
par sa situation dans la vallée du Grand-Saint-Bernard, protégé
entre le Catogne et le Vélan, Liddes se trouve parmi les régions du
Valais où les précipitations sont les moins
généreuses. . . |
Fhn et bise sont très
souvent en action pour chasser les nuages et dessécher le
sol.
Pour pallier à cette
situation et assurer les récoltes et la survie de la population, nos
anciens ont pris leur courage à deux mains; à coups de pic et de
pelle, ils ont quadrillé l'aire productive de bisses et façonné de
grands ruisseaux à partir des torrents pour en détourner les
eaux.
C'est ainsi qu'au fil
des saisons l'eau a arrosé les
prairies. Aujourd'hui que les ruisseaux ne murmurent plus, il paraît
utile de reproduire, sur carte,
le tracé de ces témoins d'un passé pas si
lointain:
-
en hommage à nos
ancêtres qui ont imaginé et
construit ce réseau, et qui ont - répartit les parcelles
en conséquence;
- en
souvenir de ceux qui l'ont
entretenu lors de la corvée du printemps,
procureur -
en tête - hommes avec pic -
femmes et jeunes avec pelle. chaque famille y avait un
-
représentant. c'était l'époque
où l'on avait le temps de s'entraider, de discuter des
-
problèmes villageois, de
refaire ou défaire le monde, de se raconter des histoires du
-
passé ou d'en
inventer
- en
souvenir du rassemblement, le
dimanche vers 15 heures, autour de la fontaine - pour
tirer les numéros des tours d'eau;
- en souvenit tout simplement de ces jours où il fallait se lever à 2 heures
pour charger -
le ruisseau, accompagner l'eau
jusqu'au pré, attendre que l'eau arrive au fond du pré
-
et déplacer les écluses, sans
oublier les morsures des fourmis qui ne se privaient pas
-
de vengance pour avoir été
dérangées;
-
en souvenir des allées et venues du
gardien du bisse que l'on observait pour mieux - choisir
le moment où on pourrait lui décharger un peu le ruisseau pour
renflouer les -
bisses
d'aval; |
- en souvenir
aussi de ces levers
du -
jour qui révélaient qu'un
talus, -
un mur ou une petite ravine
avait -
noirci le pré du voisin, à
cause d'une - maudite taupe et ses
tunnels -
ou d'un «détorgnieu» mal
consolidé -
ou oublié. - Beau travail en perspective lorsque - la terre
aurait séché.
René Darbellay, alias Le
Rouquin, il
faut remettre les lieux en état et garder le sourire! |
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La photo
ci-contre représent une équipe des villages de Fontaine-Dessus et
Dessous et de Rive-Haute, affectée à l'entretien ordinaire du grand
bisse Liddes/Orsières.
Cette
équipe uvrait sous la direction de Giovanni-Massimiliano Pieiller
(au 1er plan sur la photo). Ce dernier a été photographié par M.
Marcel Imsand, et sa photo a paru dans diverses revues avec la
légende: «authentique Lidderain».
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Ce personnage nous est venu
en fait du fond du Val d'Aoste en 1957, d'abord comme moutonnier à
l'alpage du Cur et dès l'automne, il s'est employé aux travaux de
campagne dans sa famille «adoptive» à
Rive-Haute.
Fin connaisseur
des effets des astres sur les plantes et les animaux, fin
connaisseur des plantes à effet thérapeutique et préventif sur
l'homme et les animaux, il était apprécié pour sa disponibilité
et
pour ses qualités attachantes.
Il avait la faculté de transmettre son savoir et ses recettes,
notamment la meilleure façon de faire la fameuse «polenta» au feu de
bois, ceci tout en fumant son cigare à l'envers (braise dans la
bouche, technique de camouflage, mise au point du temps où il
fallait survivre à l'occupation allemande).
Fuyant son pays pour des raisons connues de lui
seul (chagrin d'amour peut-être!), il disait ne plus pouvoir rentrer
dans son pays. En 1985, voyant son âge avancé et voulant sans doute
lui faire plaisir, son entourage l'a convaincu du «décret
d'amnistie» et l'a accompagné pour qu'il puisse revoir les siens.
Malheur en prit, puisque arrivé là-bas, on lui signifiait son
attestation de décès en 1970 à l'Hôpital de Genève. Lors d'une
deuxième invitation, l'année suivante, notre «authentique Lidderain»
tomba malade et son destin le rattrapa. Il repose désormais sur sa
terre natale. C'était le 15 janvier 1986 et il avait 70
ans. | |